Plus nos coups de pagaie nous rapprochent du Cap Farvel, plus nous prenions conscience de deux choses : ce que nous sommes venus chercher se trouve derrière nous, dans le Grand Nord.
Et que pour comprendre le pays, il nous faut vivre l’hiver.
Nous prenons donc la décision de ne pas rentrer sur Monaco après notre navigation estivale.
Pour cela, il nous faut trouver un lieu d’hivernage, une communauté authentique où l’on a encore espoir de trouver la banquise.
Mais il nous faut y arriver par nos propres moyens : en kayak !
Notre objectif : trouver un toit pour y passer l’hiver.
Notre motivation : nous faire accepter avec notre différence, et tout simplement être les témoins de la vie des Inuit.
Être les témoins de cette vie sur la banquise.
A Nanortalik, au sud du pays, nous avons nous-mêmes chargé le matériel dans un conteneur. Le 30 août 2011, le « Mary Arctica » le cargo de la RAL, ramène kayaks et équipements de navigation sur Upernavik, notre lieu de départ initial. Le pari est osé. Car sous cette latitude, l’hiver arrive avec le mois de septembre et apporte avec lui son lot de tempêtes.
Le timing est serré. Mais comme la chance sourit aux audacieux, cette fois, le matériel arrive sans encombre.
Sur la carte, par 74° 06 nord, nous avons repéré une petite communauté de 200 âmes : « Nuussuaq ».
Une course contre la montre avec l’hiver s’engage.
Arriver dans une communauté quand personne ne vous attend, est osé.
Mais y trouver un toit en cette saison pour son premier hivernage… Comme nous le pressentons, une grosse dépression nous stoppe alors que nous approchons du but.
Bloqués loin de tout, cinq jours durant, sans chauffage dans la cabane de Kuuk, nous nous interrogeons : « notre hivernage a-t-il déjà commencé ? »
Journal de bord du 16 septembre 2011, Cabane de Kuuk
N73°31-W 056°25
« Ce matin, nous restons dans nos duvets. Ils sont le seul endroit chaud de cet univers de glace. Aucune raison de se lever, les bourrasques de la nuit, et la pluie qui ruisselle sur les carreaux nous rappellent que nous sommes encore prisonniers du temps et qu’il nous faut rester confinés dans cet abri froid et humide…
Les partenaires
Eté 2011